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Qu’ont en commun les Ninjas Turtles, Twisted Sister et les films d’horreur de série B? Tous auraient sans l’ombre d’un doute pu servir d’inspiration au film Dyke Hard. Comédie de genre aux couleurs kitsch et déjantées, le premier long-métrage de la Suédoise Bitte Andersson a tout pour faire sourciller. Coup d’œil sur un projet pour le moins singulier qui a mené vers cette production on ne peut plus trash.

Au premier regard, l’affiche de Dyke Hard surprend déjà: teintes criardes, permanentes dignes des groupes de glam rock des années 80, samouraïs et arcs-en-ciel. Tout sauf banal, disons-le. Mettant en scène les personnages de Riff, Dawn, Peggy, Scotty, Bandito et Moira, le film raconte l’histoire d’un groupe de rock queer qui se lance dans un roadtrip à travers la Suède pour participer à un concours à la «battle of the bands». En cours de route, elles doivent se mesurer à une armée de ninjas, de cyborgs et de joueuses de roller derby qui font tout pour leur mettre des bâtons dans les roues tout au long de cette épopée où performances musicales dépourvues de sens se suivent et ne se ressemblent pas.

Inspiration eighties et autres clichés

Si l’œuvre passe par toute une gamme de genres cinématographiques (comédie musicale, film d’horreur, de science-fiction, de combat, road movie, etc.), les raisons qui ont poussées la cinéaste à réaliser un film aussi farfelu sont tout aussi nombreuses. Enfant des années 80 ayant grandi avec une multitude de films de série B à portée de main, disons que la pomme n’est pas tombée très loin de l’arbre. Un des films fétiches de la réalisatrice racontant les péripéties d’un groupe de rock adepte de taekwondo, Miami Connection, lui a par ailleurs servi d’inspiration.

Si les intrigues absurdes ne se renouvèlent pas forcément d’une décennie à l’autre, l’humour grivois de la réalisatrice demeure à tout le moins audacieux. Sans parler d’une émeute qui se transforme en orgie et d’un barman gay qui occupe également le poste de gardien de prison. Certains y verront une utilisation excessive et stéréotypée de clichés tirés du monde lesbien, d’autres interprèteront ces scènes comme une forme d’autodérision et de banalisation. Cela dit, la réalisatrice souhaitait faire abstraction des thématiques plus lourdes fréquemment abordées dans le cinéma LGBT telles la solitude, la dépression et le suicide. Peut-être qu’oser créer cet immense terrain de jeu queer pouvait après tout s’avérer bénéfique.

Rôles au féminin

Un élément vient faire en sorte que le projet de la Suédoise se démarque de ses semblables: la présence (marquée) de femmes. Parce que, avouons-le, rares sont les productions de série B où les protagonistes féminins sont mis de l’avant, les rôles campés par les actrices étant maintes fois réduits à la belle fille à conquérir. De plus, en faisant appel à des femmes de toutes origines, de toutes tailles et de toutes formes, Andersson marque encore une fois plusieurs points. Son but était clair: montrer autre chose au grand écran, dévoiler la diversité de la féminité dans toute sa splendeur. Une belle façon de s’émanciper de ce monde photoshopé auquel nous sommes de plus en plus exposées.

En plus d’un passage souligné à la dernière édition de la Berlinale ainsi qu’un parcours remarqué sur le circuit des festivals, Dyke Hard était également présenté chez nos voisins Français dans le cadre de l’événement Loud and Proud, à la Gaïté Lyrique. Bien que réalisé avec les moyens du bord et grâce à une aide financière dérisoire, il semble qu’Andersson ait visé juste avec ce premier long-métrage qui s’impose comme une célébration de la culture queer et de l’esprit rassembleur de la communauté. Reste plus qu’à espérer une halte en sol montréalais.

Bande-annonce :

Par Laurianne Désormiers

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