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Différence d’âge – Nous avons infiniment de vie à partager

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Marie-Pier (26 ans) et Ginette (63 ans) s’aiment depuis 4 ans. Elles nous confient les secrets de la longévité de leur couple malgré leurs 37 années de différence. « À défaut d’avoir amplement de temps, nous avons infiniment de vie à partager ».

Comment vous êtes-vous rencontrées?

Marie-Pier : Nous nous sommes rencontrées sur un site de rencontre. J’étais célibataire depuis 1 an. J’ai flashé sur la description du profil de Ginette et je lui ai écrit la veille du jour de l’an. Même si elle cherchait une femme de plus ou moins 5 ans qu’elle, je voulais faire partie de sa vie. La communication et la conversation étaient très profondes et nous avions les mêmes valeurs. Je me posais beaucoup de questions par rapport à mon âge. Est-ce qu’elle allait me juger, me trouver crédible?

Lorsque je l’ai vu, mon but était de la mettre à l’aise, je voulais avoir ma chance. La première fois qu’elle a pris mon bras, j’ai tout de suite ressentie de la chaleur et de la douceur.

Ginette : Lorsque j’ai reçu son message, il y avait du contenu et je me suis dit « c’est une fille bien brillante »! J’ai donc laissé la chance à l’échange. Nous avons discuté pendant 4 mois, mais au bout d’un mois et demi, la séduction était présente. Pour ma part, j’étais très hésitante quant à la différence d’âge, mais très contente de me faire cruiser. J’ai toujours été audacieuse dans la vie et les échanges que nous avions étaient tellement agréables, vrais et frais que j’étais redevenue comme une adolescente avec des papillons dans le ventre.

À l’époque, j’habitais à St-Jean-sur-Richelieu. J’avais très peur de notre premier contact visuel et je me disais dans le bus qui m’emmenait vers Montréal : « vieille folle, que vas-tu faire là-bas?! ». J’allais me présenter avec mon corps de 59 ans devant une jeune femme de 22 ans. Pendant nos échanges, Marie-Pier avait fait preuve d’une grande sensibilité, d’ouverture et de maturité et lorsque je l’ai vu, cela s’est confirmé. Elle me faisait découvrir pleins de choses. Elle m’ouvrait à un monde que je ne connaissais pas, c’était une nouvelle dimension. Je réalisais que la vie continuait.

Comment était votre première fois?

Marie-Pier : Deux semaines après notre première rencontre, elle m’a invité chez elle. J’étais heureuse de découvrir son univers. J’étais très maladroite, mais nous continuions nos discussions. Nous étions assises devant l’ordi, collées…. On cherchait une musique d’ambiance et il a commencé à faire nuit. Il n’y avait plus de bus et j’allais donc passer la nuit chez elle. Elle est partie se préparer, elle avait un magnifique ensemble noir. Nous nous sommes allongées sur son lit une place, face à face. On se caressait et nous nous sommes embrassées. Je me sentais très nerveuse et très maladroite. Le même soir a eu lieu notre première fois. Tous nos sens étaient en éveil et tout semblait se dérouler au ralenti… Mon cœur battait si fort par anticipation et par bonheur que ça bourdonnait dans mes oreilles.

C’est un peu comme si j’étais enivrée. Sa peau était tellement douce que j’avais envie de la cajoler des heures durant et j’étais tellement émue qu’elle me fasse confiance à ce point. Curieusement, on ne parlait presque pas… On ne faisait que laisser nos corps danser… La seule chose qui faisait que j’étais un peu mal à l’aise, c’était mon insécurité face à mon propre corps, mes défauts physiques et mes poils. Notre vie sexuelle est harmonieuse dans le sens où nous nous respectons continuellement et nous laissons la place aux rires, aux taquineries. Dès qu’on se retrouve, qu’on s’enlace et qu’on fait l’amour, j’ai l’impression qu’on ne réfléchit plus. Il n’y a plus de place pour les doutes, les retenues. On se respecte et on s’encourage toujours à se laisser aller, dans l’harmonie.

Ginette : J’étais également très nerveuse, comme si c’était la toute première fois que j’allais coucher avec une personne. Et puis ce sentiment s’est vite transformé quand nous nous sommes retrouvées allongées côte à côte, et quand je l’ai pris dans mes bras. J’étais cette femme adulte qui profitait pleinement d’une situation exceptionnelle. J’étais la plus heureuse des égoïstes, choyée par la vie qui m’offrait cette jeune femme jolie et intelligente. J’ai savouré ces tous premiers instants intensément. Je les fais encore durer dans ma tête. J’étais tenaillée entre le désir, la pudeur de mon âge et le plaisir charnel qui me submergeait. Toutefois, ma raison a bien vite pris le bord quand j’ai senti ses lèvres chaudes et tendres sur les miennes.

À ce même moment, je me fichais éperdument de mon âge, de mon corps et de ses plis. Le désir m’envahissait et c’était ce moment de ma vie qui importait le plus, le reste n’existait plus. Ma sexualité a été difficile : j’ai été élevée à la campagne et c’était vu comme un interdit. Les femmes de mon âge ont grandi pour la majorité dans le garde-robe ou avec une sexualité fermée. Je me réapproprie ma sexualité depuis que je suis avec Marie-Pier. Notre sexualité est épanouissante, c’est une recharge d’énergie, c’est vivifiant. C’est un complet renouveau qui m’arrive en fin de vie.

Ginette, comment te sens-tu avec ton corps?

Ginette : Mon corps change et Marie-Pier m’aide beaucoup à m’accepter telle que je suis. La manière dont elle le regarde, son désir de vouloir le toucher et de l’embrasser avec tendresse me rassurent. Nous y ajoutons parfois de l’humour en exagérant les stigmates d’un vieillissement inexorable, en riant et se moquant du temps. Il est impossible de faire abstraction de la réalité et je laisse Marie-Pier l’entière liberté de choisir, de vivre sa vie sexuelle avec une personne de son âge. Cela fait partie de nos réflexions quand nous parlons de l’avenir. Il n’est pas question pour moi de lui faire des scènes de jalousie parce qu’elle voudrait vivre autre chose un jour. Je considèrerais ses choix tout à fait compréhensibles. Nous sommes sans restrictions aucunes. Nous avons probablement des âmes d’artistes, car nous nous trouvons belles ensemble. On dit qu’une image vaut mille mots…

Marie-Pier : Son corps change oui, mais cela ne veut pas dire que les sentiments changent. La flamme et les émotions lors des rapports sont toujours présentes et fortes.

Comment a réagi votre entourage face à votre différence d’âge?

Ginette : De mon côté, cela a été très simple puisque je n’ai ni famille, ni amis. Par contre, j’avais une grosse appréhension à rencontrer les parents de Marie-Pier et surtout sa mère. J’ai eu une très mauvaise relation avec la mienne, mais connaissant Marie-Pier, qui a grandi sans contrainte et avec une grande ouverture, je ne pouvais qu’avoir confiance en la sienne. Nous n’avons jamais souffert de discrimination en public, jamais de choses négatives. Cependant, nous sommes conscientes que parfois il peut y avoir du danger.

Marie-Pier : Au début, Ginette signait tous ses courriels par « G. ». J’étais loin de m’imaginer qu’elle portait le même prénom que ma mère! Je me suis posée beaucoup de questions, mais je ne voulais pas qu’un prénom gâche tout. J’ai un noyau familial très soudé et ouvert. J’ai toujours eu des attirances pour des femmes plus âgées donc, je savais que ma famille allait être réceptive. Ma mère a réagi sur le prénom puisqu’elles ont le même et mon père a écouté et sourit. Ginette a rencontré ma mère en premier. Ma mère lui avait acheté un foulard, tout le monde était très nerveux. Maintenant, les deux Ginette sont les meilleures amies du monde. Avec mon père, ça se passe bien et ma sœur est sa plus grande fan.

Mes amis ont eu une réaction très positive. J’ai beaucoup plus perdu d’amis pour des différences de points de vue politiques que pour Ginette. Nous nous amusons de notre différence d’âge, c’est vraiment devenu un jeu entre nous.

Qu’est-ce qui fait que votre couple fonctionne?

Les deux : Nous avons beaucoup de points communs comme le végétarisme, le féminisme, la politique, l’écologie, etc. Il faut se plaire, avoir un intérêt pour l’autre, se convenir, s’intéresser et nourrir les conversations. Nous sommes aussi très pantouflardes (rires). Nous aimons aller au cinéma, aux restaurants, faire du camping sauvage, des balades, du vélo, être devant l’ordi face à face et s’échanger les nouvelles du monde, lire….

Ginette : Nous vivons au moment présent, nous sommes très complices. On aime dire que nous sommes des poussières d’étoiles qui devaient se reconnecter. On se complète, je suis casse-cou et elle est prudente, mais elle me suit. Et, nous sommes aussi ouvertes aux possibilités car une seule personne ne peut pas nécessairement toujours combler l’autre. Les certitudes dans un couple n’existent pas, mais notre différence d’âge vient colmater les effets du temps sur notre intimité, et je crois que cela favorise une relation plus harmonieuse.

Marie-Pier : Je ne ressens pas le besoin d’aller chercher une histoire sexuelle avec une personne de mon âge car je suis comblée autant psychologiquement que physiquement. Nous avons de petites attentions l’une envers l’autre, nous avons nos petits rituels comme mettre les pantoufles de l’autre sur le pas de la porte. Nous ne nous ennuyons jamais, nous avons toujours des sujets de conversations. Ginette est l’action et moi la réflexion. Notre quotidien se fait dans le partage, avec des petites surprises et des attentions ; comme préparer le café, laisser des petits mots, cacher des petits cadeaux. Nous aspirons aux mêmes buts et nous partageons les mêmes objectifs pour le futur. Ce n’est pas parce qu’on a une différence d’âge importante qu’on ne désire pas les mêmes choses. Il n’y a rien de plus beau entre Ginette et moi que de savoir qu’on peut être face à face pendant des heures à échanger, discuter, créer, sans s’ennuyer. C’est la clef de notre couple, parce qu’on se construit ensemble et individuellement.

Avez-vous des inquiétudes pour le futur? (réponses avec beaucoup d’émotions)

Marie-Pier : On n’en parle pas, mais on y pense.

Ginette : Ça me rend triste, c’est triste parce qu’on ne peut pas passer beaucoup de temps ensemble. Car selon la norme des choses, je vais mourir avant Marie-Pier et le temps nous file entre les doigts. Nous vivons le moment présent. Le fait de devoir la laisser toute seule me rend triste. J’ai fait mon testament en conséquence, afin qu’elle n’ait pas à endurer la maladie….

Marie-Pier : Mais nous avons quand même des projets lorsque Ginette sera à la retraite dans deux ans. Pendant sa retraite, il y a un projet de livre, des projets féministes, finir les études et aller vivre en Scandinavie.

Quel message aimeriez-vous transmettre?

Ginette : Restez ouvertes, ne vous limiter pas. Tout est possible et n’écoutez pas les « normes », il faut juste prendre les bonnes choses qui passent.

Marie-Pier : Le moyen pour bien faire passer son orientation sexuelle, c’est de le dire avec confiance.

Par Esther-Léa Ledoux

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