Lorsqu’on vous dit que Montréal regorge d’esprits allumés… Il y a deux mois, deux jeunes professionnelles de la mode, Roxane et Audrey, ont lancé leur compagnie de vêtements, Gone Loco. Inspirées par leurs voyages en Amérique Centrale, elles vivent et pensent en tie and dye, une technique qui consiste à nouer un tissu puis à le tremper dans un ou plusieurs bains de teinture. Des créations bariolées, imaginées par deux filles hautes en couleurs.
Entrevue
1/ Comment est né Gone Loco?
A : On voyage souvent en Amérique Centrale. En octobre dernier, on faisait du surf au Nicaragua. On s’est posées près d’une crique, on se demandait où on en était dans nos vies. Est-ce qu’on monte un projet ici? Est-ce qu’on reste à Montréal?
R : On se posait vraiment la question de déménager. Puis on a réalisé qu’on aimait vraiment bouger mais qu’on aimait aussi revenir chez nous. On faisait du tie and dye depuis deux ans et on recevait souvent des compliments. Go crazy, on lance notre compagnie! Le projet a émergé doucement dans nos têtes après le Nicaragua. On a déménagé en juin et on s’est dit qu’il fallait profiter de l’appartement vide pour exposer nos créations au public.
A : Comme on a étudié dans le milieu du commerce et de la mode, on avait déjà un réseau de professionnels. En deux semaines on avait notre site internet et des vêtements prêts à être vendus et portés. On ne dormait plus!
2/ L’esprit Gone Loco, c’est quoi?
A : Des collections colorées et éclatées qui ressortent la vibe crazy de nos voyages en Amérique Centrale! On se dit « ça ce serait bien pour la plage », puis on l’adapte pour la ville.
R : Mets de la couleur dans ta journée, apprécie chaque moment que tu vis. C’est ce que reflète notre marque. Quand on voyage, on ne sait jamais ce qui nous attend. Avec le tie and dye, on obtient toujours des surprises. On choisit les couleurs mais on ne sait pas à l’avance ce qu’on va découvrir. On est comme des enfants à Noël, c’est trop excitant!
3/ Qu’est-ce qui compte pour vous dans la manière de s’habiller?
R : C’est important d’être confortable dans ses vêtements. Tout le monde a des complexes et quand on est bien dans ses vêtements, on se sent beau. On ne suit pas les défilés de couturiers, on ne porte pas tel vêtement parce qu’il est tendance par exemple.
4/ Quelle fut la réaction de votre entourage?
R : Ils sont rassurés car on reste à Montréal. Ils nous conseillent souvent. Mes parents aimeraient faire partie du projet et le père d’Audrey nous sert de modèle parfois!
A : Nos parents n’ont pas été surpris, on en parlait tout le temps. Ils s’y attendaient finalement car ça nous ressemble. Et puis on n’a pas lâché notre travail, Gone Loco c’est sur notre temps libre. Tout le monde nous soutient et diffuse l’esprit Gone Loco. Nos amis portent nos vêtements pendant leurs voyages et postent leurs photos sur les réseaux sociaux!
5/ Comment naît l’inspiration pour vos vêtements?
R : Une idée peut venir d’un rideau ou d’une peinture! L’inspiration fait partie de nous. On ne cherche pas nos idées, elles viennent à nous. On observe aussi ce que les gens portent. On ne peut même pas tout faire mais on est vraiment excitées par ce qu’on fait. Chaque création nous passionne!
A : Quand on a fait notre premier événement, on écoutait ce que les gens disaient en regardant nos créations : « ça j’aime bien, mais il faudrait que ce soit plus large ». On fait aussi des commandes personnalisées, les gens nous contactent directement. C’est un challenge pour nous de personnaliser une création. On est encore une petite compagnie alors on peut s’adapter aux envies des gens. C’est primordial pour nous.
6/ Quel est le processus de création d’un vêtement?
A : Pour faire un t-shirt, il faut deux heures environ. C’est beaucoup de matériel, quand on crée on en fait beaucoup!
R : Ça nous prend une fin de semaine pour faire une vingtaine de t-shirts. On s’installe dans la cuisine d’Audrey ou chez ses parents. Quand le vêtement est teint, il faut attendre qu’il sèche puis le laver. Il y a toujours un stress parce que le vêtement n’est pas le même après le lavage.
7/ Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite lancer sa compagnie?
R : Si tu ne te lances pas, tu ne sauras jamais! Il faut croire en soi et oser. Tant qu’on est passionné et motivé, il y a de l’espoir. On a des hauts et des bas, c’est certain, mais on a plus souvent des hauts. On est deux filles très optimistes!
A : La difficulté c’est l’argent, et quand on a peu d’argent faut être créatif! Les étiquettes de nos vêtements sont faites avec des sacs en papier recyclé. Il faut trouver des moyens pour sauver de l’argent. On n’a pas pu faire d’enquête de marché car on n’avait pas l’argent alors on a dû être proche des gens, à l’écoute. Il faut aussi être prêt à mettre beaucoup de son temps et de son énergie. L’avantage d’être deux est qu’on peut se remotiver.
8/ Où peut-on acheter vos vêtements?
R : En ligne, sur goneloco.ca. On cherche d’abord à maîtriser notre projet, identifier nos forces et nos faiblesses avant d’avoir un lieu de vente. Mais si quelqu’un nous appelle en nous demandant de passer à la maison, on dit oui et on lui prépare un salon d’essayage!
A : Gone Loco fonctionne par bouche à oreille. On porte nos créations au travail ou dans les événements auxquels on assiste. On est allées à Osheaga habillées en Gone Loco, on bouge avec notre marque.
9/ Qu’est-ce que vous créez en ce moment?
R : Dernièrement on a crée du tie and dye marinière. On pense aussi à des vêtements unisexes, des camisoles un peu larges et longues qui pourraient se porter en robes. On termine une collection et on se dit « ah on aurait dû faire ça plutôt! » Une collection engendre la suivante. On a déjà nos idées pour cet hiver!
A : On vient d’avoir l’idée de notre deuxième collection dans la voiture, sur le chemin pour venir te rejoindre! On a l’intention de proposer aux gens de redonner une seconde vie à leurs vieux vêtements blancs ou décolorés. À l’avenir, on aimerait se diversifier et ne pas faire que du tie and dye. Mais une chose à la fois!
Par Fanny Dupond