Sortir des tabous avec simplicité. Établie à Montréal et travaillant à Mosaïka Art and Design, Jessica Sallay réalise des créations en céramique hors du commun ayant pour thématiques le féminisme, la sexualité et le genre. Ses créations vont à l’encontre de l’idée que l’on pourrait se faire de la céramique.
À travers des figures animales chimériques ou hybrides ou tout simplement des sexes humains, elle propose avec humour de repenser les genres mais aussi de revisiter l’approche que nous avons du sexe et du corps, notamment féminin.
/ Montrer les choses telles qu’elles sont
Pour Jessica, montrer des sexes et des « monstres » qui s’exhibent, se regardent et se goûtent ne se veut pas choquant. Il s’agit de pousser à la réflexion et à la conversation sur ce qu’est la sexualité dans notre société. En soulignant de façon amusante ou grossière des tableaux intimes, elle invite à se questionner sur les représentations de la sexualité véhiculées dans notre société, mais aussi sur le rapport que nous entretenons avec nos corps.
Elle entend « encourager une culture plus positive du sexe ». Puisque, selon elle, le choix qui est fait des choses cachées, non dites, non visibles, exerce une forme de violence sur nos inconscients. « Les gens seraient plus ouverts sur les questions du consentement et des pratiques sexuelles sécuritaires si l’on parlait de sexe plus librement. La pornographie et la culture populaire ont une grande influence sur ce à quoi le sexe et les corps « devraient » ressembler. Cela crée des attentes surréalistes pour les gens qui découvrent la sexualité et doivent grandir dans leur corps ».
/ Sortir de la binarité des genres
En observant ses êtres mi-humains, mi-animaux, le spectateur peut poser un regard plus neutre sur les corps et se défaire des conventions sociales de genre. « En leur donnant une forme éloignée d’un seul genre, cela aide à sortir de la binarité ». Si elle se considère comme féministe, c’est parce qu’elle défend et donne à voir des corps de femmes auxquels elle s’identifie plus facilement et qu’elle souhaiterait voir être émancipés des injonctions sociales et traités à l’égal de ceux des hommes. Dernièrement, elle travaille également à la réalisation d’une série de sculptures qui font appel à des corps de trans afin de donner à voir la diversité corporelle qui peut exister.
/ Une artiste d’avenir
Inspirée par Suzy Birstein, Jessica a commencé la céramique depuis l’âge de 9 ans, puis a réalisé un BFA (Bachelor of Fine Arts) en céramique à l’Université de Concordia en 2014. Aujourd’hui, elle voyage à travers le monde pour des résidences, des expositions ou simplement pour se donner des « opportunités de vivre et de travailler au sein d’autres cultures et rencontrer des gens de partout dans le monde. J’aimerais comprendre comment varie la compréhension du sexe, du genre et du féminisme selon les endroits ».
Récipiendaire d’une bourse du CALQ, Jessica est une artiste à ne pas perdre de vue.
Vous pouvez retrouver toutes ses pièces sur son site internet : https://jessicascreatures.com/
Par Delphine Cézard