Le 18 février dernier, la 5ème Salle de la Place des arts accueillait NEXT, une « expérience à mi-chemin entre la conférence et la performance artistique ». Pénétrant tour à tour au sein d’une simple arène de néons, encerclés par les spectateurs plongés dans la noirceur, ils ont été 9 – gens d’affaires, artistes et créatifs – à se raconter. Partager, avec authenticité, émotions et humour, leurs histoires personnelles et professionnelles, les succès, les obstacles, les rencontres qui ont été, pour eux, source de changement.
L’initiative d’Infopresse et de Métromédia+ se voulait instigatrice de « rencontres, de découvertes et de créativité ». On aurait tout aussi bien pu rajouter source d’inspiration. Si l’expérience mérite d’être renouvelée, on ne peut qu’espérer qu’elle le soit à moindre coût pour que le plus grand nombre puisse en bénéficier.
Extraits choisis.
Ody Giroux – Présidente de Carat et co-fondatrice des spirituelles
La femme d’affaires, mère de 3 enfants, a ouvert le bal de sa voix chaude et apaisante pour parler du silence. A savoir « l’absence de bruit dans un lieu calme ». Les bruits extérieurs bien sûr mais surtout ceux qui inondent nos têtes. L’occasion pour elle de vanter les bienfaits de la méditation Pleine Conscience sur les plans professionnels autant que personnels. « Le silence c’est ce qui permet d’écouter ». S’écouter soi autant que donner sa pleine attention aux autres, sans les interrompre sans arrêt.
Cath Laporte – Cofondatrice du café TRUST à Amsterdam
Celle qui, de son propre aveu, « avait poussé l’approche 360 (Sid Lee) au next level » a fini par tout lâcher pour cofonder le café TRUST à Amsterdam, basé sur le principe « Come as you are, pay as you feel ». Une philosophie qui place le partage, la confiance et les ressentis au cœur d’un nouveau modèle d’affaire (Heart to Heart business). Selon elle, Trust agit comme « un laboratoire de découverte de soi » qui invite à baisser nos gardes et se « libérer du poids généralement lié à l’argent » dans nos rapports aux autres en ouvrant nos cœurs. « From head off, to heart on », résume-t-elle. Déplorant qu’il soit « plus facile de montrer ses forces et ses fesses que sa vulnérabilité », Cath Laporte exprime simplement qu’elle a « trouvé le bonheur en partageant le bonheur ».
Jacques Poulin-Denis – Danseur et fondateur de la compagnie Grand Poney
Jacques Poulin-Denis avait 20 ans, il était en route vers son destin, plus précisément vers Toronto pour intégrer une école de danse. Il n’arriva jamais à destination et perdit son pied son pied droit… mais pas sa passion pour la danse. Aujourd’hui danseur, chorégraphe et metteur en scène, il a offert une conférence-performance sur la résilience. Une chorégraphie saccadée au rythme des doutes, craintes, questionnements et espoirs qui ont jalonné son parcours. Une bande sonore qui répète que c’est correct de douter et de ne pas être parfait. « La résilience n’est pas un choix. C’est une série de choix et de décision» qui permettent de surmonter les choses à force de détermination et d’indulgence envers soi-même.
Dr Irwin Adam Eydelnant – Ingénieur biomédical et directeur créatif/scientifique principal de The Future Food Studio à Toronto
Fort de ses études en chimie et de la conviction que « la nourriture a un potentiel infini », Irwin Adam Eydelmant entend offrir des expériences culinaires multi-sensorielles. L’un après l’autre, il égrène chacun de nos sens (l’ouïe, le goût, le toucher et l’odorat et la vue) et illustre leur impact sur la perception que l’on a de la nourriture. Une réflexion qu’il est loin de prendre à la légère, convaincu « qu’à travers la nourriture, on connecte les uns avec les autres, on se raconte des histoires, on brise les frontières ».
Alexandre Robert – Président de la direction Frenchie’s de Jcorp
Multipliant les références à son propre parcours de vie, Alexandre Robert (issu de la famille Croteau qui détient les magasins l’Aubainerie) est venu parler de l’importance de se faire confiance et d’oser foncer. Même si on a peur de se faire dire non, même si on risque d’échouer, même si on peut se tromper. À plusieurs reprises, il a répété sa maxime « you go, you get » et a affirmé sans hésitation qu’il vaut mieux « avoir des regrets que des remords ».
David Giguère – Auteur, compositeur, interprète
Remplaçant au pied levé La Bronze, coincée à Paris, David Giguère a présenté quelques-unes chansons de son répertoire. En écho aux témoignages d’autres invités, il a évoqué l’importance du lâcher-prise. Et de conclure : « si on ne se donne pas droit à l’erreur, c’est plate en crisse ».
Erik Giasson – Ancien financier de Wall-Street et cofondateur du studio de yoga Wanderlust à Montréal
Faillite, rupture, maladie… Les coups durs, Erik Giasson connait. L’ancien financier de Wall-Street devenu Yogi a multiplié les échecs et traversé plusieurs passages à vide. A chaque fois, il s’est relevé, a rebondi et a redoublé d’efforts pour gagner en richesse et en puissance. Jusqu’à ce qu’il comprenne pourquoi rien de tout ça ne le rendait heureux. « L’identité sociale sert à survivre. Quand tu t’identifies à ton personnage tu perds ton essence. […] Tu vis tout le temps en pensant que la vraie vie va arriver juste après ». En se reconnectant à son essence, il a réussi à trouver l’équilibre et à devenir « un humain en équilibre entre Wall-Street et le Yoga, entre la tête et le cœur. Un humain libre du regard des autres, de son rôle, de l’illusion et du besoin de tout contrôler ».
Sophie Boulanger – Cofondatrice de la lunetterie en ligne BonLook
L’entreprenariat, inné ou acquis? C’est avec cette question que Sophie Boulanger a ouvert son exposé. Elle a expliqué que c’est autant les environnements involontaire (notamment la famille) et volontaire (celui dans lequel on choisit de plonger) qui influencent notre appétence pour l’entreprenariat. Ensuite, les choses se font pas à pas, il faut se laisser du temps et accepter l’imperfection.
Samian – Rappeur québécois d’origine algonquine
Samian a choisi de partager le temps qui lui était imparti avec les spectateurs présents. « Quel est ton plus grand rêve? Quelle est ta plus grande peur?, at-il demandé au hasard à plusieurs personnes présentes sondant ensuite le reste du public pour savoir qui partageaient les mêmes espoirs et craintes. Une façon de nous démontrer que, qui que l’on soit, et même si nos histoires sont uniques, nous avons tous des choses en commun. « Je rêve que nous ne fassions qu’un », a-t-il dit à son tour. L’occasion également de dénoncer la situation de bon nombre d’autochtones au Québec et de nous inviter à choisir : « soit vous nourrissez vos rêves, soit vous nourrissez vos peurs ». À bon entendeur!
Par Claire Gaillard