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L’identité du Village peut-elle être un vecteur de sa redynamisation? Projet Montréal souhaite recourir à une consultation publique pour déterminer les prochains projets à mettre en place dans ce quartier symbolique des diversités sexuelles de la métropole. Alors que l’homosexualité est de plus en plus acceptée en occident, le caractère symbolique mais aussi les fonctions communautaires, urbaines et touristiques devraient être prises en compte dans la redéfinition des futures couleurs du Village.

On avait déjà fait part du besoin de se prononcer sur le devenir du quartier gai à Valérie Plante, conseillère de ville du parti Projet Montréal dans le district de Sainte-Marie. Dans une entrevue à CIBL, elle partage quelques-unes des 150 idées recueillies pendant la dernière édition de Fierté Montréal. Des propositions venues principalement de résidents et visiteurs du Village, témoignant donc d’un certain sentiment d’appartenance au territoire.

Lieu d’histoire communautaire et de tourisme.

La présence des homosexuels se manifeste dans le secteur délimité par les rues Saint-Hubert, Ontario, Papineau et René-Levesque depuis les années 1980. Les revendications et la visibilité homosexuelle s’y affirment principalement jusqu’aux années 1990. Il concentre commerces à l’attention d’une clientèle gaie, drapeaux arc-en-ciel et autres marquages identitaires. On y trouve un mémorial aux victimes du sida, ainsi que des organismes de services juridiques, sociaux, économiques, médiatiques et de santé qui lui sont propres. De Village, le quartier a donc plusieurs attributs, en plus de valeurs forgeant son identité : liberté, échange, ouverture…

Lieu d’activités, d’installations culturelles et de festivals, Montréal veut ajouter d’ailleurs cette image de ville ouverte, tolérante et dynamique à son propre marketing. Bien connu pour la piétonisation de la rue Sainte-Catherine pendant l’été, le quartier gai de Montréal est par ailleurs l’un des plus grands au monde et a accueilli les Outgames de 2006. « C’est tellement près du centre-ville. Le Village est un élément important de notre identité à Montréal », affirme Mme Plante.

Une identité en évolution ici et ailleurs.

Dans un article de La Presse, on souligne le ralentissement économique du Village – marqué notamment par la fermeture d’établissement phares du quartier – et sa dépendance accrue au tourisme estival. Internet participerait d’abord à la diversification des moyens de rencontre LGBT. La territorialisation de l’homosexualité reflète ensuite l’évolution de sa place en société. Les jeunes générations s’intègrent maintenant partout au tissu urbain. Le président du conseil d’administration de la Société de développement commercial du Village, Denis Brossard, disait déjà au Voir en 2010 : « [Le Village] restera un symbole fort pour les gais, mais ne joue plus le même rôle social. »

Dans un article de la revue web Slate intitulé Les quartier gays, une espèce en voie de fossilisation, mais pas d’extinction, on peut lire que les villages gays de New York, d’Amsterdam, de Londres, de Hong Kong et de Buenos Aires s’éclatent depuis la fin des années 1980-1990.

Leur « disparition » en Occident est aussi associée à la gentrification – c’est-à-dire le phénomène d’embourgeoisement qui transforme ces quartiers populaires aux plans physique et social – stimulée par l’attractivité des commerces et des établissements qui s’y installent, ainsi que par la muséification et la patrimonialisation de lieux emblématiques gais.

Ailleurs, comme à Shanghai, Taïwan ou Singapour, c’est aujourd’hui qu’ils émergent. Ils permettent à ceux qui n’y ont pas autrement accès une certaine sociabilité et ils donnent refuge aux plus âgés et à ceux issus d’origines populaires ayant subi la stigmatisation. D’un point de vue militant, il facilite aussi la réunion d’associations et la mobilisation.

La parole aux citoyens.

Les bars et les restaurants gais ne sont qu’une part de l’offre que devrait avoir un quartier. Le vox pop de Mme Plante demande à ce que perdure l’ouverture aux différentes communautés qui y viennent et un soutien aux communautés locales, tout en renforçant l’identité du Village. Parmi les suggestions préliminaires : une augmentation de la diversité et du nombre de commerces de proximité, davantage d’espaces dédiés aux femmes, un centre communautaire et culturel, une sécurité accrue, des toilettes publiques, du verdissement, l’embellissement des façades, etc. La conseillère résume : « On doit réfléchir collectivement sur l’avenir du Village, parce que […] il faut renforcer son identité, mais il va falloir la renouveler un peu ».

Pour l’entièreté de l’entrevue de Mme Valérie Plante à CIBL : Cliquez ici.

Par Catherine Paul

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