Les Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal, c’est un garçon qui voulait faire un sport de filles. Des femmes dans un salon de coiffure. Des transexuels dans le Queens. Des syriennes esseulées dans un pays en guerre. Sommaire sélection d’une large programmation à contempler les yeux écarquillés. Quatre documentaires. Quatre cinéastes. Plusieurs destins.
Giovanni and the Water Ballet, Astrid BUSSINK
Traveling arrière. Giovanni longe le couloir des vestiaires de la piscine sous les regards des filles. Il doit rejoindre le bassin, les championnats d’Allemagne sont dans quatre semaines. Son rêve : participer aux championnats du monde. Mais la league de natation ne le laissera pas concourir. Parce que la natation synchronisée, ce n’est pas pour les garçons. Le petit athlète s’entraîne assidûment. Il se jure d’être le premier garçon à participer aux championnats d’Allemagne de natation synchronisée. « Reste à la surface Giovanni ! Concentre-toi, Giovanni ! ». Le blondinet vogue entre les remontrances de ses entraineurs et les railleries des garçons à l’école. Mais Kim, elle, est fière. Kim et Giovanni s’aiment. Le regard admiratif, illuminé de ses petits éclats de rire, elle y croit. « Tu feras la Une. Le célèbre Giovanni ! » Espiègle et spirituel, ce petit bonhomme de 10 ans se confie, se questionne et n’abandonne pas.
http://www.ridm.qc.ca/fr/programmation/films/962/giovanni-and-the-water-ballet
Women In Sink, Iris ZAKI
Women in Sink, c’est un bac à shampoing et des visages qui défilent. Des voix et des histoires. Comment vit-on en Israël lorsqu’on est une minorité ? Iris Zaki a voulu retourner sur sa terre natale pour comprendre. Dans le salon de coiffure de Fifi, au milieu des brosses à cheveux et des bigoudis, les habitantes d’Haifa se font masser la tête et se racontent. Helen est chrétienne arabe et son frère est juif. Irit a dû se cacher dans un sous-sol durant l’Holocauste. Lea évoque la guerre au Liban. La devise de Nawal : « je ne dépends de personne ». La fille de Fifi est entrée dans les forces armées Israéliennes. Yehudit est convaincue que si les femmes gouvernaient, la paix serait reine. La caméra d’Iris Zaki saisit respect, solidarité et espoir dans le coeur de ces femmes d’Haifa.
http://www.ridm.qc.ca/fr/programmation/films/882/women-in-sink
In Jackson Heights, Frederick WISEMAN
Frederick Wiseman pose son regard acéré dans le Queens. Le quartier de Jackson Heights est le plus multiculturel de New York. 167 langues y fourmillent et font l’âme du quartier. La caméra voyage d’une rue à l’autre. D’une culture à l’autre. Mais Jackson Heights, c’est aussi la terre d’accueil de nombreux immigrants homosexuels. La peur d’être tué les pousse à fuir leur pays. À Jackson Heights, ils s’indignent de la considération qu’on ne leur accorde pas. Alors ils s’unissent. Les associations LGBT font entendre leur voix. Les transsexuels luttent pour leur protection. Vingt-cinq ans après le meurtre homophobe du jeune Julio Riveira, la deuxième plus grande Fierté Gaie de notre planète forge les rues de Jackson Heights.
http://www.ridm.qc.ca/fr/programmation/films/950/in-jackson-heights
Coma, Sara FATTAHI
Dès les premières secondes de Coma, le spectateur se retrouve confiné. La caméra de Sara Fattahi dévoile une suite de plans serrés d’un appartement vide et sombre. On entend la télévision, les voix d’un homme et d’une femme. Mais dans cet appartement de Damas, il n’y a pas d’hommes. Car dehors, la guerre fait rage. Coma, ce sont trois femmes, trois générations, trois solitudes. C’est la propre existence de Sara, la réalisatrice. Toujours hors champs, elle réussit à capter à la fois la force et la détresse de sa mère et de sa grand-mère. Dans ce huis clos, les conversations rythment l’attente. Attente qui devient un fardeau alors que, dehors, le nombre de morts est grandissant. Au plus près des visages et des regards, la réalisatrice nous fait vivre la guerre de l’intérieur.
http://www.ridm.qc.ca/fr/programmation/films/984/coma
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Par Fanny Dupond