Pour la plupart d’entre nous, communication rime le plus souvent avec dialogue. Il faut parler des problèmes, parler au « je » ou bien partager nos désirs et nos envies. Mais qu’en est-il du corps? La communication se fait, de façon volontaire ou non, par une multitude de moyens. Le toucher, par exemple, est l’une des premières formes de communication apprise à l’enfance et qui nous suit toute notre vie. Il peut être bon d’être consciente de son impact sur notre sexualité.
La peau est l’organe du corps le plus étendu et elle est couverte de récepteurs sensoriels, du superficiel au profond, sur différents niveaux de l’épiderme. Certains d’entre eux réagissent aux variations de température, aux pressions, aux rythmes et aux divers types de toucher. D’ailleurs, selon l’endroit sur le corps, la sensibilité peut être différente d’une personne à l’autre. Par conséquent, chaque corps est une île aux trésors dont on peut explorer tous les secrets.
Les différents types de toucher
Nous touchons constamment plusieurs choses, mais pas nécessairement dans une approche érotique ou affectueuse, car les touchers ne seront pas codifiés de la même manière selon les personnes et les contextes, tel que l’explique Geneviève, 23 ans : « Pour démontrer de l’affection à mes amies, j’aime beaucoup leur donner des accolades. Par contre, avec ma blonde, c’est autre chose, j’adore lui donner des petits becs dans le cou pour lui montrer comment je l’aime. »
Selon l’approche sexocorporelle, il existe quatre formes distinctes de toucher :
Palper
Il s’agit de pressions délicates afin de sentir les textures, températures et formes de la peau. Elles peuvent être comparées à celles que l’on fait lors de la cueillette d’un fruit à l’épicerie, que l’on tâte afin de voir s’il est assez mûr.
Pétrir
Il est ici question de toucher à pleine main pour masser les muscles et aller chercher les récepteurs profonds. Marie, 38 ans, explique : « J’adore me faire masser! J’aime beaucoup plus ce genre de toucher que de me faire chatouiller par une plume, par exemple. Ça finit toujours par m’irriter et je n’ai plus envie de me faire toucher. »
Effleurer
Ce toucher se caractérise par une pression légère du bout des doigts voire par un frôlement de la peau. L’effleurement peut aussi se faire sans contact direct de la peau, mais en survolant le corps.
Caresser
Finalement, la caresse correspond à un mouvement lent et continu à pleine main, un peu plus prononcé que l’effleurement et qui transmet la chaleur sans nécessairement faire de pressions.
L’ouvrage Le plaisir de l’amour lesbien explore plusieurs autres formes de toucher telles que le frottement, le pincement et les grafignes. Marie-Ève, 30 ans, souligne : « J’adore me faire gratter le fond de la tête, je trouve que c’est un moment privilégié à deux. » Il est aussi possible de les combiner ou les alterner pour susciter des sensations différentes sur soi-même ou sur sa/ses partenaires.
Implication dans le toucher
Une personne peut être impliquée ou pas dans un toucher selon les moments. Maryse, 54 ans, mentionne : « Je sais très bien quand ma blonde n’a pas le goût de me faire un massage et qu’elle me dit oui quand même, car elle ne me touche pas de la même façon. »
Il existe aussi plusieurs formes d’implications émotionnelles par les autres sens telles que le regard. Maggie, 20 ans, explique : « Quand j’ai vraiment envie de dire je t’aime à ma blonde, je prends sa tête entre mes mains et je la regarde droit dans les yeux avant de lui dire. J’ai l’impression que mon message est plus fort. » De plus, prendre le temps de regarder les touchers qui sont donnés ou reçus peut en changer la perception.
Les incompréhensions et réactions face au toucher
Dû à sa grande variabilité, deux partenaires peuvent ne pas avoir les mêmes codifications pour un toucher précis car chacune a des références différentes. Camille, 29 ans, souligne : « Je touche comme j’aime être touchée, mais ça ne fonctionne pas avec toutes mes partenaires. » Quelque chose d’agréable pour l’une peut être, au contraire, irritant, inconfortable ou désagréable pour une autre.
Notre relation avec le toucher est différente pour chaque personne, comme c’est le cas pour Mylaine, 31 ans, qui nous explique : « Je n’aime pas être touchée, j’aime vraiment mieux toucher ma blonde, je retire plus de plaisir de la voir en avoir. » D’ailleurs, les sensations provoquées par un toucher peuvent être imprégnées par des évènements marquants du passé et par nos souvenirs, agréables ou non.
La fréquence des touchers doit aussi être prise en compte. Pour certaines, la seule présence de l’autre suffit, tandis que pour d’autres, un contact physique régulier est nécessaire pour se sentir bien en relation. Il faut également tenir compte du moment, car lorsque la partenaire n’est pas disposée à être touchée, les touchers normalement agréables peuvent devenir désagréables.
Lorsqu’il en vient au toucher, les formes, la fréquence, les moments, l’intensité et les émotions sont changeantes dans le temps. Tout comme un instrument de musique, qu’il faut expérimenter pour arriver à bien en jouer. Certaines notes sont agréables à nos oreilles, mais d’autres non. Et, selon la personne avec laquelle on joue, les chansons ne seront pas les mêmes. Il faut être à l’écoute pour bien comprendre la mélodie qui est jouée.
Et vous, comment aimeriez-vous être touchées?
Par Marjolaine Landry
* Les noms des personnes citées ont été modifiés.