En cette période de crise économique, on cherche tous à faire des économies et vous l’avez sûrement constaté, la tendance actuellement est au DIY (Do It Yourself) et à la récupération. On se soucie aussi un peu plus de notre planète. Le « Slow design » est une démarche, voire même une philosophie créatrice, qui privilégie le bien-être, le respect de l’écologie et remet au goût du jour le caractère unique de l’objet en contradiction avec la standardisation du meuble.
Ce mouvement suit les traces du « Slow food », démarche internationale présente dans 132 pays et créée en 1986 par Carlo Petrini, chroniqueur gastronomique italien. Bien plus qu’une démarche, c’est un art de vivre qui lutte contre la standardisation alimentaire.
La tendance est aux produits frais, aux produits du terroir. On cherche à se rapprocher de nos agriculteurs, à retrouver des choses authentiques pour s’éloigner des produits industriels préfabriqués et aseptisés. Cet engouement est de plus en plus présent au Québec : Les produits sains et la cuisine santé gagnent en visibilité dans les médias et les gens font de plus en plus attention à ce qu’ils consomment.
Le phénomène se retrouve également dans l’artisanat. Les objets faits à la main ont la côte! Cet artisanat-design, qui utilise les matériaux locaux et les savoirs faire propres à nos régions, est une énorme richesse locale. Son existence permet aux consommateurs de faire le choix de participer à l’économie locale. Bien sûr, l’industrie de masse continue d’assurer une plus grande accessibilité des meubles et objets. Mais qu’en est-il, par exemple, de la contradiction des objets souvenirs, emblèmes des grandes villes touristiques du monde, mais fabriqués en Chine? Comment ces objets, produits à l’étranger, peuvent-ils représenter l’identité de lieux comme Paris et Montréal?
De nombreux designers se sont penchés sur la question, en partant parfois d’un objet dépassé ou cassé, avec l’objectif de lui donner une seconde vie. Le collectif des 5.5 designers a adopté cette démarche-là. Ce sont 5 designers (Vincent Baranger, Anthony Lebossé, Jean-Sébastien Blanc, Claire Renard, David Lebreton et Elise Hauville), diplômés de l’Ensaama (École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art). En 2003, ils unissent leurs efforts dans un projet commun : prolonger la vie d’objets décrétés obsolètes et inutiles. Ce projet, nommé Réanim, cultive un lien très proche avec le développement durable et, plus exactement, avec la vie programmée des objets.
C’est ainsi que le Slow Design nous invite à ralentir notre rythme de consommation et à réfléchir sur la manière dont nous consommons. Ce concept va plus loin que celui d’éco-design en y ajoutant le concept de lenteur et de réflexion. Les principales caractéristiques du Slow Design sont le recyclage de matériaux, l’utilisation de matériaux encourageant le développement durable et le recours à des techniques traditionnelles. Il en résulte des objets d’élaboration simples, uniques ou produits en petite série.
À mi-chemin entre l’art et l’artisanat, l’idée est de lutter contre la production globalisée.
D’autres designers ont également adopté cette démarche. C’est le cas des frères Campana qui jouent sur l’accumulation d’objets et sur le recyclage. Leurs créations sont originales voire même insolites, comme des jouets, puis ils les détournent de leur usage initial. On parle alors d’« Up-cycling ». Leurs univers jouent sur la corde sensible du « kitsch » en étant à la frontière du design, de l’artisanat et de l’art contemporain.
Une mention spéciale revient à Droog Design, collectif de designers d’horizons et d’origines diverses qui exposent et vendent depuis treize ans leurs objets aussi drôles que cyniques. Ce collectif est devenu une référence pour le monde du design actuel. Ce sont des œuvres qui ont, pour la plupart d’entre elles, une démarche artistique écoresponsable.
Mais ce phénomène n’est pas seulement réservé au monde du design. Il s’est aussi fait une place chez nous! La réutilisation croissante des palettes de transport en est l’exemple le plus flagrant. Pour nous aider, de nouvelles plateformes comme Pinterest regorgent de tutoriel « DIY » (Do it yourself). L’intérêt n’est pas seulement économique, mais aussi dans le fait d’avoir chez soi un objet unique et personnalisé plutôt qu’un objet que tout le monde possède. Continuons sur cette lancée!
Par Jessica Dary