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Tamy Glauser – La mode permet d’être qui nous voulons

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Vous connaissez Tamy Glauser? Elle a défilé pour Louis Vuitton, fait des photos avec Steven Meisel pour le Vogue Italie et, à partir du mois de septembre, elle sera sous contrat avec Next Europe. Son look androgyne lui a permis de remporter du succès tant dans la mode masculine que féminine. Malgré tout, elle a accepté de discuter avec nous du rôle des genres dans sa vie personnelle et professionnelle.

Entrevue

1- Contrairement à tout autre domaine, les mannequins femmes dans le monde de la mode ont tendance à obtenir davantage de travail et à bénéficier d’une plus grande notoriété que les hommes. Comme tu as pu expérimenter les deux genres, dans lequel te sens-tu le plus en possession de tes moyens?

TG: Je me sens définitivement plus en possession de mes moyens en travaillant du côté des femmes parce que c’est plus glamour et que ça implique plus d’argent, mais tout ça vient aussi avec plus de pression. Chez les hommes, c’est aussi très bien parce que j’ai la chance de porter des vêtements que je choisirais dans la vraie vie, tandis que chez les femmes… eh bien les talons hauts me rendent nerveuse! (rires). J’apprécie le fait que je peux réussir des deux côtés tout en bénéficiant de chacun de leurs aspects positifs. Donc, je ne voudrais pas choisir entre l’un ou l’autre, mais en y réfléchissant, je dois choisir celui des femmes.

2- Crois-tu que le monde de la mode montre une plus grande ouverture d’esprit que le reste de la société par rapport aux différentes sexualités et aux identités de genres?

TG: Oui, bien sûr. Dans le monde de la mode, je me sens appréciée et je ne dois pas d’explications à personne. Je peux être moi-même et les gens aiment ça. Tandis que dans le monde « normal », ce n’est pas du tout comme ça. J’ai vécu des situations lors desquelles mon apparence a été incomprise. Tout ça peut parfois être gênant et inconfortable, mais je crois être à un point dans ma vie où j’y suis habituée parce que ça arrive souvent…

3- Pourquoi penses-tu que la mode est comme ça et as-tu l’impression qu’il en a toujours été ainsi?

TG: Oui, parce que je crois que la mode est un l’art et que l’art peut prendre plusieurs formes. De plus, la mode a toujours su repousser les limites établies. Je pense ici à Jean Paul Gaultier ou Vivienne Westwood qui ont créé quelque chose qui n’était pas nécessairement accepté hors du monde la mode.

La mode permet d’être qui nous voulons. Je crois que la différence entre l’art et la mode se situe dans le fait qu’avec l’art tu peux travailler avec n’importe quel médium, tandis qu’avec la mode tu travailles avec des gens. En art, tout peut fonctionner tant qu’il y a une histoire derrière la création et je crois que c’est la même chose avec la mode où tu peux prendre plusieurs formes car c’est réellement une forme d’art en soi.

4- Jusqu’à quel point penses-tu que ta façon de t’habiller influence la réussite de ta vie professionnelle et personnelle?

TG: Je m’habille de la même manière, tant dans ma vie professionnelle que personnelle. Je crois définitivement qu’une partie de mon succès provient de la manière dont je porte mes vêtements. Les gens avec qui je travaille aiment comment je m’habille. Je me rappelle, lorsque j’ai fait les photos pour le Vogue Italien et que le directeur artistique, Karl Templer, m’a demandé mon avis par rapport au stylisme. En fait, j’ai peine à me rappeler la dernière fois où on ne m’a pas demandé d’utiliser un vêtement ou un objet qui m’appartenait au boulot. Je n’ai pas de réponse exacte à mon succès dans ce job, mais je crois fermement que mon style fait partie des raisons pour lesquelles je suis engagée.

5- Crois-tu que tu pourrais avoir plus de succès dans l’un ou l’autre des genres? Ou qu’en fait, ta réussite professionnelle vient du fait que tu as la possibilité de travailler dans les deux?

TG: Non, je crois que les gens m’ont remarquée lorsque j’ai défilé pour Jean Paul Gaultier et Vivienne Westwood avec la tête rasée. Ensuite, j’ai obtenu encore plus d’attention avec le défilé Givenchy, car je portais des vêtements d’hommes. À ce moment là, ce n’était pas nécessairement un truc auquel les gens pensaient et je crois avoir peut-être implanté quelque chose. Par la suite, je pense avoir réussi à prouver que je pouvais aussi faire de la haute couture pour femmes. Cette expérience a réellement atteint un niveau que je n’aurais jamais cru possible.

6- Le monde de la mode est reconnu pour être plus dur avec les femmes par rapport à leur silhouette et leur poids. Comme tu travailles aussi du côté des hommes, te sens-tu assujettie à ce même genre de pression?

TG: Non, pas du tout. Malgré tout, je crois que j’ai été génétiquement gâtée. Je mange tout de même d’une manière très saine, car c’est comme ça que j’ai été élevée. Je suis aussi végétarienne en réponse à tous ces documentaires que j’ai vus et dont je n’ai pas du tout envie de faire partie. Je ne ressens jamais la pression d’être ou d’avoir l’air d’une certaine manière pour obtenir du boulot. Par contre, si je fais de l’exercice, c’est principalement pour ma santé mentale et pour évacuer les énergies négatives de mon corps. Ces derniers temps, je pratique surtout le Tai Chi qui a un effet calmant sur moi.

7- Afin d’être engagée pour un défilé hommes, as-tu l’impression que tu dois avoir une silhouette dite moins « féminine »?

TG: En fait, c’est la première fois que je pense à ça, mais non, je ne crois pas. Le seul problème est que je suis parfois trop menue au niveau des hanches et des épaules par rapport à la clientèle ciblée par les créateurs des vêtements.

8- La manière dont les gens s’habillent est souvent le reflet de leur rôle dans la société et complète leur identité. Pourquoi crois-tu que tu t’habilles davantage d’une manière dite « masculine »?

TG: Je ne crois pas qu’il existe une réelle manière masculine de s’habiller. La définition de ce qui est masculin ou féminin est, pour moi, plus élaborée que ça. Quand je vois quelque chose qui me plaît, je l’achète peu importe le sexe auquel ce produit était destiné. La plupart du temps, ce sera ce que la société occidentale considère comme de la mode masculine. En regardant des photos de moi enfant, je me rends compte que je m’habillais de la même manière qu’aujourd’hui. Je n’ai jamais vraiment réfléchi à la question d’androgynie, mais j’ai en fait compris beaucoup plus tard que oh, c’est ça l’androgynie.

9- Te sens-tu plus toi-même dans les défilés hommes ou femmes?

TG: En fait, ça change tout le temps. Ça dépend où j’en suis dans ma vie. Il y a un an, je me sentais plus confortable durant les défilés hommes, tandis que maintenant, j’adore marcher pour les femmes. Ça évolue de pair avec ce que je vis. C’est réellement un choix difficile pour moi, je ne peux choisir l’un ou l’autre. J’aime faire les deux, pour différentes raisons. Chez les femmes, je me sens précieuse et importante et chez les hommes c’est plutôt cool et chic. J’aime les deux sensations.

Par Justine Paquette

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